Devoir de mémoire

 

Dans notre monde globalisé, où chacun peut appréhender en temps réel ce qui advient et s’y déroule, un événement chasse l’autre, quelles que soient  sa gravité et ses incidences.  C’est ainsi que, dans notre histoire récente, les inondations au Pakistan ont chassé le séisme d’Haïti, avant de s’effacer à leur tour de notre paysage mental au profit de l’enchaînement infernal séisme/tsunami/catastrophe nucléaire au Japon, vite supplanté par les révolutions arabes et la crise en Europe. Ce temps de l’actualité et des émotions qu’elle peut susciter ne s’accorde pas, hélas, avec la résolution des problèmes, qui persistent bien après leur exposition médiatique.

Arpenter l’île d’Haïti, trois mois après le séisme de Janvier 2010 laissait aisément deviner la tâche de Sisyphe qui attendait le peuple haïtien avant de retrouver un semblant de vie normale. Et deux ans plus tard, le constat est terrible : la situation concernant le million et demi de réfugiés n’a guère évolué et a même empiré pour nombre d’entre eux. Face à l’ampleur de la catastrophe et du chantier de reconstruction, tout indique que la situation de post-urgence en Haïti va se prolonger sur plusieurs années. Le Maelström médiatique réclame sans cesse son lot de nouvelles fraîches avec les images qui les attestent. Pourtant, à l’inverse et à condition que l’on s’y attarde, les images sont aussi là pour réactiver nos devoirs de conscience et de mémoire.