Myra Melford, Stone Residency,
NYC (2015)
Dans un film précédent, consacré aux Femmes musiciennes de Jazz, nous avions eu l’occasion de rencontrer la pianiste Myra Melford, alors en pleine ascension sur la scène de jazz new-yorkaise. Depuis, Myra a continué de progresser à grands pas pour s’imposer comme l’une des interprètes et compositrices majeures du jazz contemporain. Son travail a été salué en 2013 par l’obtention de bourses prestigieuses qui lui ont fourni l’assise financière pour mener à bien et de front plusieurs projets ambitieux et remarquables. Son activité intense se partage aujourd’hui entre l’animation de ses différents groupes (duo Dialogue, Trio M, quintet Snowy Egret, sextet Be Bread) l’enseignement de la composition et de l’improvisation au département musique de Berkeley UC, des résidences et des tournées aux US, en Amérique du Sud, au Japon et en Europe, l’enregistrement d’albums en tant que leader, side-woman ou en solo... sans parler d’un projet de livre et de spectacles où elle mêle image et danse avec sa musique.
A l’image d’un John Zorn, cette boulimie créative ne s’accompagne d’aucun déchet et c’est bien ce qui fait de Myra Melford un personnage aussi riche que fascinant sur la scène du jazz contemporain. L’évocation de John Zorn n’est pas fortuite. Le « pape » de la musique improvisée à New-York a ouvert, il y a de cela 10 ans, un lieu consacré à tous les musiciens qui explorent les voies nouvelles du jazz. Le Stone, c’est le nom de cet endroit improbable dans l’East Village à Manhattan. Abrité par un rideau de fer qui le soustrait à la curiosité des passants, il propose chaque semaine la rencontre avec un(e) musicien(ne) invité(e) à livrer au public la palette de son univers. A raison de deux sets par soir, on peut apprécier les différents configurations dans lesquels évoluent ces musiciens depuis le solo jusqu’au big band. L’austérité du décor, un vague cube planté sur un sol de béton où se bousculent une soixantaine de chaises, tranche avec la formidable richesse des musiques proposées.
C’est donc cet espace qu’en mars 2015, Myra Melford a investi le temps d’une semaine, invitant pour l’occasion tous les partenaires qui participent de ses différentes aventures musicales. Nous avons saisi cette opportunité unique de pouvoir filmer, lors d’un seul et même événement, l’éventail des musiques de cette grande pianiste et compositrice qui dessinent en creux son portrait multiple d’une femme en jazz.
